Manuela Lalic

La partie visible de l’iceberg

3 juin au 29 juin 2003
Installation
Lauréate de la Bourse Duchamp-Villon (2002)

Vernissage, le 3 juin à 19 h
Un opuscule rédigé par Anne-Marie Belley a été lancé le jour du vernissage.

Avec La partie visible de l’iceberg, Manuela Lalic propose une installation complexe qui occupe tout l’espace d’exposition et qui questionne même celui qui se trouve à l’extérieur de la salle. Pour ce projet, elle conçoit le processus d’accumulation comme un phénomène dynamique engendrant une autre action qui à son tour en déclenche une troisième, et ainsi de suite. Il en résulte une œuvre construite comme un réseau où chaque assemblage d’objets en amène un autre. Loin d’être logique, l’enchaînement génère des associations poétiques, ludiques, voire surréalistes.

Manuela Lalic provoque des détournements, crée des accidents de parcours, sème des indices et soulève une multitude de questions. « Comment l’individu peut-il se définir dans sa singularité en tenant compte des différents univers dans lequel il doit évoluer ? » pourrait être l’une de ces questions. Pour suggérer des pistes de réponse, l’artiste fait se confronter trois univers. Tout d’abord, par l’embrasure de portes simulées sur les murs de la salle d’exposition, divers objets s’empilent et semblent vouloir se déverser dans la galerie : bâches, sacs à ordure, jeans, etc. Comme si le monde extérieur faisait pression et tentait d’envahir l’espace d’exposition. Dans la salle, du mobilier scolaire rappelle la fonction de l’édifice qui abrite Plein sud. Des pupitres surmontés d’armatures de parapluie sur lesquelles se déploient des plumes de paon évoquent des images dérisoires de fragilité et de protection. Enfin, un peu en retrait, l’artiste explore un espace plus intime, l’espace domestique. Utilisant des matériaux pauvres et déglingués, Manuela construit un intérieur où s’assemblent dans un joyeux désordre bacs à vaisselle, savons déjà utilisés, mousse, bouts de pain, séchoirs à linge, mèches de cheveux, chaussures, vêtements, etc. De cette cohabitation d’éléments émergent l’usure des choses et du temps, l’instinct de survie, une certaine difficulté d’être en même temps qu’une douce folie.

Dans son ensemble, La partie visible de l’iceberg se révèle une installation aux accents baroques traversée par plusieurs tensions : tension entre l’extérieur et l’intérieur, tension entre une esthétique du déchet et une esthétique du clinquant, tension entre l’inquiétude et l’amusement, tension entre le collectif et l’individuel. L’impression qui se dégage de l’œuvre est celle d’un environnement foisonnant où il se passe plusieurs choses, souvent contradictoires, en même temps. Comme dans la vraie vie !

— Sylvie Pelletier

Notice biographique

Née à Mulhouse (France), Manuela Lalic vit et travaille à Montréal où elle a complété une maîtrise en arts plastiques en 2000 (Université du Québec à Montréal). Depuis 1996, elle a présenté une dizaine d’expositions individuelles au Québec (Montréal, Québec, Victoriaville) et en France. Son travail a également été vu en Colombie-Britannique, en France, en Belgique ainsi qu’en Allemagne dans le cadre d’expositions collectives. Parallèlement à ce parcours, Manuela Lalic a réalisé plusieurs performances et interventions urbaines au Québec et en France.

Remerciements

L’artiste remercie chaleureusement les donateurs de la Bourse Duchamp-Villon :

  • Charles S.N. Parent, vice-président de la Financière Banque Nationale
  • Maurice A. Forget du cabinet Fasken Martineau Dumoulin s.r.l.
  • le collège Édouard-Montpetit.

Elle remercie également l’Association d’Entraide Le Chaînon, Gabrièle Fontana, Sean Elliott, Anna Beaudin, Anne-Marie Belley et Constanza Camelo.